Le pouvoir protecteur du rituel

 

Le rituel permet deux choses : susciter des petites joies simples et facilement accessibles, et favoriser un climat de prévention sain.

Cette année, nous avons dû simplifier et modifier nos habitudes pendant les fêtes et pour certains, cela a été ressenti comme un immense bouleversement : cet hiver, nous ne pouvons pas nous rassembler – du moins pas de la même manière. Pour beaucoup, cela a révélé l’importance du rituel.

Cet hiver, alors que nous reprenons le chemin de l’école, nous pouvons anticiper les coups de blues en identifiant les petites choses importantes et en préservant leur caractère sacré.

Nous entrons dans une période de « coup de blues » et nous pouvons nous appuyer sur le pouvoir protecteur du rituel. Des moments d’échange simples rendent possibles des échanges plus profonds et plus fréquents.

Le mot rituel trouve ses racines dans les rites qui marquent notre passage à travers le temps. Son lien avec le mot rythme nous rappelle la relation entre le rituel et le sens de la vie. Il est également lié au mot ritam, en sanskrit, du Rig Vedas, qui signifie « la loi qui régit la vérité ».  Si nous prenons le mot français et anglais « rite » et que nous le relions au mot sanskrit « ritam », une réflexion intéressante s’offre alors à nous : nos façons de laisser une empreinte sur le temps nous relient à une vérité plus grande.

Nina, élève de Terminale, a trouvé le calme dans l’art, en créant ces oeuvres.

Nos enfants et nos adolescents cherchent à donner un sens à leur vie, à mettre en place des habitudes, à se créer des souvenirs et à absorber des informations sur le fonctionnement du monde dans lequel ils vivent. Cette année, ils ont dû renoncer à de nombreux rites de passage traditionnels. Certains élèves ont parlé, à juste titre, d’une année volée. Ils ont un besoin légitime d’exploration et de nouveauté à un moment de leur existence où ils acquièrent des habitudes et compétences fondamentales. Ils expérimentent le monde, comme le dit Frances Jensen, neurologue spécialisé dans les adolescents, à travers le spectre d’une « sensibilité exacerbée ». 

Nos étudiants évoluent – selon les mots de l’éducateur en prévention Eduardo Torres – dans « une grande inadéquation de développement ». Les habitudes normales et saines de prise de risques ont été perturbées et redéfinies. D’une certaine manière, cela a permis de faire émerger de nouveaux comportements et pratiques créatives : les élèves déclarent consacrer plus de temps à des activités artistiques ou musicales, et certains ont commencé à faire des promenades thérapeutiques, ont lancé de nouveaux projets et clubs caritatifs, ou ont osé explorer de nouveaux chemins et prendre des risques artistiques. Pour d’autres, cela s’est traduit par une augmentation du temps passé en famille, à préparer et déguster des repas ou en faisant des activités à l’extérieur. L’ingéniosité et la créativité de chacun continuent à nous émerveiller.

Certains étudiants ont déclaré que les meilleures choses qui sont ressorties de cette année ont été les plus simples, voire même, les plus banales : regarder Jeopardy le mardi, ou se promener au soleil couchant. Un étudiant a même raconté que ce temps passé à la maison lui a permis de resserrer ses liens fraternels : lorsque la vie sociale de son frère aîné s’est arrêtée, il s’est davantage tourné vers son petit frère. Plus de temps à la maison signifie plus de temps ensemble, et le rituel peut permettre de transformer le banal en magie.  

Nous entrons dans une période de « coup de blues » et nous pouvons nous appuyer sur le pouvoir protecteur du rituel. Des moments d’échange simples rendent possibles des échanges plus profonds et plus fréquents. Ce temps supplémentaire à la maison, dans un climat de proximité, est propice aux conversations plus essentielles autour de sujets traditionnellement difficiles à aborder, tels que le développement personnel, la sexualité et la prévention des addictions.

Certains étudiants ont déclaré que les meilleures choses qui sont ressorties de cette année ont été les plus simples, voire même, les plus banales : regarder Jeopardy le mardi, ou se promener au soleil couchant.

Les spécialistes de la prévention le disent : en déclenchant de brèves conversations de façon régulière, nous laissons entendre que notre porte reste ouverte au dialogue. Il est prouvé que 60 conversations d’une minute sont beaucoup plus efficaces en matière de prévention qu’une plus longue conversation d’une heure. Toutes ces sorties et tous ces divertissements qui nous manquent tant nous permettent donc d’explorer des territoires auxquels nous avons normalement du mal à consacrer du temps.

  • Qu’attendez-vous pour parler avec votre enfant, votre adolescent ou votre famille ? Comment déclencher une conversation importante ? 
  • Qu’est-ce qui vous booste, vous et votre enfant, et vous permet de garder les pieds sur terre ?
  • Quels sont les rituels qui se sont avérés les plus importants au cours des derniers mois ? 
  • De quoi pourriez-vous avoir besoin, vous ou vos enfants, pour protéger votre santé mentale et émotionnelle ? Faites une liste de tous les éléments dont vous pourriez avoir besoin pour anticiper cette période de « coup de blues ».
  • Envisagez un moment de la journée et de la semaine sans écran pour favoriser davantage l’échange. 

Ensemble, à l’école et à la maison, nous pouvons établir des liens réguliers avec cette sensibilité exacerbée, pour nous permettre d’anticiper les baisses de moral et de jeter des passerelles vers de nouveaux territoires. Posons les jalons de ces petites victoires familiales qui nous mèneront jusqu’au printemps. 


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