Lettre à la communauté

 

Hélène Stafford, psychologue du Lycée, partage quelques conseils aux familles et aux collègues pour mieux vivre ce moment.

Nous faisons tous face à une situation nouvelle, que nous découvrons jour après jour et à laquelle nous nous adaptons ensemble. Comment faire au mieux? Il n’y a pas de recette sinon de penser ensemble, de communiquer et d’ajuster au fur et à mesure.

Le message des experts, psychologues, neuropsychologues et thérapeutes est unanime: identifions et ordonnons nos priorités et gérons les ensemble dans l’ordre d’importance, sans culpabilité.

Diminuer le stress et l’anxiété de chacun est la première priorité.

Il n’y a pas de super héro. Il ne peut être attendu de personne de répondre instantanément de façon parfaite à cette situation nouvelle.

Diminuer l’anxiété des adultes, est la première condition afin de pouvoir aider nos enfants et élèves. Chacun doit gérer sa propre anxiété, normale en ces temps de crise, elle resurgira! La peur de la maladie, la séparation de nos proches, le confinement, l’isolement ou au contraire la vie commune à plein temps, et surtout l’incertitude et le manque de prédictibilité, de visibilité du futur proche sont des facteurs d’anxiété et nous les ressentons tous.

Identifier l’anxiété, l’accepter et communiquer

Trouver des soutiens soit au sein de la famille soit à l’extérieur est primordial. Bien sûr il ne s’agit pas d’insécuriser les enfants mais il est tout à fait acceptable de leur dire que vous êtes inquiets, que tout le monde l’est mais que nous allons tout faire pour que ça se passe au mieux pour tous. 

Diminuer l’inquiétude des enfants et des adolescents. Donnez-leur la parole, écoutez leurs questions, prenez le temps d’y répondre simplement avec leurs mots, et n’hésitez pas à leur dire que vous n’avez pas la réponse si c’est le cas. Une parole vraie et une écoute rassurent. Soyons attentifs aux adolescents, même grands, isolés dans leur chambre. Plus que jamais ayez l’oeil, entamez un dialogue et sans être intrusif informez-vous de leurs activités scolaires et sociales, demandez leurs de vous expliquer comment tout cela fonctionne pour eux, des nouvelles des amis proche, etc.

Diminuer les tensions: apprendre à vivre ensemble ou seul. Le soucis d’efficacité, télétravail et école, a créé une pression parfois extrême sur tous, élèves, parents, enseignants, administration et tous les services de support, chacun ressentant une responsabilité personnelle de la bonne marche immédiate de ce nouveau système!

Une chose après l’autre, c’est un processus: prendre le temps de trouver ses marques dans l’espace et le temps. Apprendre à vivre confinés, seul ou ensemble à plein temps est nécessaire en tenant compte de la réalité de travail des uns et des autres mais sans oublier les besoins émotionnels minimum de chacun. De nombreux parents doivent absolument continuer à assurer leur tâches professionnelles. Les enseignants doivent créer un nouveau mode d’enseignement en même temps que de le mettre en place immédiatement, et tous doivent aussi s’adapter au confinement et se construire des nouveaux repères d’organisation pratique mais surtout relationnelle et émotionnelle. Les élèves, petits et grands, ont leur rythme et mode de vie et d’apprentissage modifié et doivent s’y adapter.

Cette première semaine a montré à quel point tous, enseignants, parents et élèves ont investi cette nouvelle situation en étant réactifs et participatifs. Cela a représenté une charge de travail énorme pour tous souvent au prix d’une disparition de moment de détente et de plaisir permettant de souffler et de restaurer l’énergie physique et mentale.

Les vacances arrivent bien nécessaires. Elles devraient être l’occasion pour tous de lâcher prise, laisser tomber la pression et s’occuper de ses propres besoins, organiser son espace, rechercher des occupations adaptées au confinement et apprendre à occuper le temps différemment. Nous devons aider les enfants à le faire, mais les adultes aussi doivent prendre le temps de s’adapter, seule condition pour être au mieux disponibles pour les enfants. Parents, ne négligez pas les espaces vides de l’emploi du temps. Ne craignez pas l’ennui de vos enfants par moments, il est nécessaire et propice à la créativité et au recentrage. Encore une fois la “capacité d’être seul ” à proximité des adultes est une compétence essentielle au développement de l’enfant et de son autonomie.

Adapter les exigences

Tout le monde est d’accord, l’école à la maison n’est pas et ne peut pas être la réplique exacte de l’école :

Toutes les conditions sont modifiées et nous devons en tenir compte. Les exigences doivent être adaptées et le personnel du Lycée, administration et corps enseignant travaillent dans ce sens afin de redéfinir l’essentiel. Pour répondre aux craintes de certains parents: le Lycée ne laissera pas certains enfants prendre du retard. 

La communication directe est ici centrale. Nous avançons ensemble et il est très important d’informer chaque enseignant de vos potentiels challenges et ceux de vos enfants. Vous trouverez ensemble les moyens d’y répondre et la remontée de ces challenges à tous les niveaux aidera ajuster les objectifs et les méthodes.

Le point sur les écrans

Certes les experts nous donnent des directives, tel le Psychiatre Serge Tisseron en France, et d’autres :

  • Mais là encore la situation présente nous oblige à nous adapter.

    J’ai eu l’occasion cette semaine de m’entretenir avec quelques experts dont un psychologue, Leo Vannetzel, Psychologue spécialisé en neuropsychologie et en psychopathologie de l’enfant, et Michaël Stora, co-fondateur de l’OMNSH (Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines), qui traite au quotidien des patients souffrants d’addictions aux écrans. 

    Tous s’accordent pour dire que la situation actuelle nous oblige à utiliser les écrans avec les enfants de tous âges. Leur message est très simple : la plasticité du cerveau des petits est telle, que ceux-ci pourront après quelques mois retrouver leurs habitudes de pratique précédentes si de bonnes bases étaient déjà établies et à condition de suivre les recommandations suivantes :

    • Eviter au maximum les écrans passifs, c’est à dire où l’enfant n’est pas acteur ou en interaction.
    • Rendez le temps d’écran le plus interactif possible, outil d’échange et de manipulation maximum ce que les enseignants s’efforcent de développer dans leur nouvel enseignement.
    • Alterner des moments courts d’interaction sur écran avec des renvois vers des activités dans l’espace réel afin de continuer à développer toutes les fonctions cognitives liées à la manipulation directe.
    • Favoriser les temps d’écran partagé. Plus l’enfant est jeune, plus il est important, dans la mesure des réalités de chacun, qu’il soit accompagné d’un adulte.
    • Ne négligez pas l’écran comme lien social : une partie du temps d’écran doit aussi être réservé au maintien des relations sociales. Les adolescents s’en chargent eux-même, et c’est essentiel, tout en maintenant un certain contrôle des adultes selon l’âge. Chez les plus petits il peut-être important d’organiser des playdates virtuelles avec les meilleurs amis, cela contribuera à retrouver des repères rassurants.
    • Le maintien du lien avec la famille plus lointaine, grands parents ou autres replacera aussi un cadre rassurant.
    • Enfin l’écran peut devenir un plaisir partagé au travers de jeux avec ses enfants et d’activités collectives virtuelles sources d’échanges en famille, de visites culturelles telles celles recommandées par le Centre Culturel du Lycée.

    En bref plus d’écran, c’est inévitable et ne culpabilisons pas, mais écrans partagés, écrans actifs, écran source d’échanges et de dialogue.

    Pour conclure, soyons solidaires dans ces moments difficiles, communiquons, et donnons-nous un peu de temps pour nous adapter. N’hésitons pas à utiliser toutes les ressources proposées, ne restons pas seuls avec nos inquiétudes.

    Je vous invite tous à m’envoyer vos commentaires et réactions et me communiquer les points que je n’ai pas adressés ici afin de rester au plus près des besoins de chacun dans le support que nous pouvons apporter à la communauté.


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