Jeffrey Sachs, l’infatigable VRP de notre globe

 

L’histoire du Centre Culturel du Lycée Français de New York été marquée par quelques conférences inoubliables. On pourrait citer pêle mêle et de façon non exhaustive : le physicien Etienne Klein, les économistes Esther Duflo ou Joseph E. Stiglitz, le réalisateur Raoul Peck ou encore l’écrivain Gaël Faye, et depuis le 27 février dernier, le professeur Jeffrey D. Sachs. Ils ont en commun d’être les meilleurs dans leur domaine scientifique ou culturel, et d’avoir transmis aux élèves, en un temps record, la passion pour leurs recherches, leurs connaissances et leurs expériences. Leurs exposés limpides ‘rendent intelligents”,  et en les écoutant on croit comprendre un peu mieux le monde. Les “anciens” du Lycée le disent: ces conférences, hors du commun, ne s’oublient pas. La rencontre avec le Professeur Jeffrey Sachs était l’un de ces moments à marquer d’une pierre blanche, lumineuse, dans l’agenda du Centre Culturel.

Directeur du Centre de développement durable de l’Université de Columbia, ancien directeur de l’Observatoire de la terre dans cette même université, Jeffrey Sachs a réussi en deux heures à convaincre élèves de Secondes et de Premières, membres du personnel éducatif et parents, s’ils ne l’étaient déjà, “qu’il ne reste que 30 ans pour ne plus utiliser les énergies fossiles – charbon, gaz, et pétrole -“, et se reconvertir dans les énergies alternatives – solaire, éolienne, voir nucléaire et à moindre échelle biomasse -. Au delà, la planète Terre deviendra un environnement dangereux pour l’homme. Déjà la température de la planète Terre est de 1.1º Celsius (environ 2º Fahrenheit) supérieure à celle de l’époque préindustrielle. Reprenant cette image bien explicite d’un pilote aux commandes d’un avion sans fuel, et donc contraint d’atterrir, le professeur a décrit ce changement de cap énergétique comme la “seule piste d’atterrissage possible”.

Expert, Jeffrey Sachs est aussi un militant. Infatigable VRP de notre globe, il fait du porte à porte auprès des dirigeants des dix plus grands pays du monde pour les convaincre de ne pas “détruire la planète pour enrichir une poignée de personnes.” L’Amérique fait évidemment partie de ce club des dix. Pendant sa conférence, Jeffrey Sachs a retracé l’histoire américaine depuis la Seconde guerre mondiale marquée par des mouvements de balanciers si bien analysés par Arthur Schlesinger (in Cycles of American History (1986)), entre Républicains et Démocrates, entre plus ou moins d’état. “Le rôle du gouvernement est un problème. Avec Ronald Reagan, nous avons perdu nos idéaux de démocratie sociale,” a précisé Sachs lui-même auteur d’un livre sur JFK. Et depuis, le balancier semble coincé vers plus de libéralisme. Bien sur,  Jeffrey Sachs n’a pas été tendre avec l’actuel président qui s’est retiré des accords de Paris (2015),- “une prouesse diplomatique de Laurent Fabius” a précisé le professeur d’ailleurs consulté lors de la préparation des pourparlers.

Cela n’empêche pas l’économiste de rester optimiste avec un “Just do it” encourageant si l’on regarde l’exemple californien ou si l’on étudie le nouveau programme démocrate sur l’environnement ‘le Green New Deal”.  Disciple d’Aristote, Jeffrey Sachs est un ardent défenseur du Bien, et le Bien aujourd’hui, c’est protéger notre planète.


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