Les Femmes au Panthéon

 

Inspiré par le projet de Mireille Miller, professeur d’arts plastiques du primaire, rendant hommage aux Suffragettes qui ont obtenu le droit de vote pour les femmes en 1920, le département de français du Lycée cherche à rendre hommage aux femmes écrivaines et artistes francophones et à les faire connaître à nos élèves.

Les professeurs ont ainsi mis en oeuvre un projet spécifique pour les élèves de 2nde. En effet, des places se sont libérées au Panthéon, comme cela arrive parfois (eh oui!), et nos élèves ont eu la mission de convaincre un double jury, un d’élèves et un de professeurs et membres du lycée, de mettre, dans le temple que la France dédie à ses grandes figures historiques et culturelles, les cendres de trois femmes sur une trentaine de présélectionnées, de Colette, à Simone Signoret, en passant par Barbara et Simone de Beauvoir, etc.

Les élèves ont ainsi rédigé et présenté leurs discours durant deux séances fin décembre et ont su se montrer à la hauteur de l’enjeu en déployant leur talent rhétorique et leur inventivité.

Cinq discours se sont distingués durant ces deux séances en remportant, de manière équivalente, les suffrages des deux jurys. Ainsi le Panthéon, s’il ouvrait réellement ses portes, devrait recevoir les cendres de Lucie Aubrac, Mme du Châtelet, Marguerite Duras, Louise Labé et de Nikki de Saint-Phalle.

En voici des extraits :

Lucie Aubrac

O Jean Moulin! Vous qui avez mérité votre place au Panthéon parmi les Grands Hommes, vous qui vous vous êtes battus pour la nation et avez résisté face à l’ennemi, on vous demande d’accueillir Lucie. Femme intelligente, battante et loyale à la République, personnage emblématique de la seconde guerre mondiale. Femme qui a résisté à vos côtés, qui a risqué sa vie pour la votre. Ne merite-elle donc pas de partager cet honneur avec vous? (…)

Résister c’est ne pas céder, peu importe les circonstances. Résister c’est Pénélope qui fut loyale a son mari. Résister c’est Antigone qui a prit la parole pour son frère. Résister c’est Lucie Aubrac qui a risqué sa vie pour sa patrie. Lucie Aubrac qui a lancé le mouvement Libération-Sud. Lucie Aubrac qui a libéré son mari ainsi qu’une dizaines d’autres personnes, à plusieurs reprises. Lucie Aubrac qui s’est exprimé devant le monde entier sur la BBC pour parler aux femmes et les soutenir au long de leur combat contre l’oppression. (…)

Hommes du Panthéon, auriez-vous fait les mêmes sacrifices pour vos épouses? Auriez vous supplié le chef de la Gestapo pour votre amant? Auriez-vous risqué votre vie pour organiser une évasion visant à délivrer votre femme? Seriez-vous entrés dans la clandestinité, lorsque vous portiez un enfant? Les femmes incarnent les héroïnes les plus renommées et les plus courageuses de tous les temps. Elles font appel à toute leur puissance pour pouvoir mener tous leur combats. Lucie Aubrac a lutté bien sûr pour nous, pour ses frères et soeurs, pour la France; mais aussi, pour le combat des femmes. Lucie Aubrac a prit le double des charges de l’homme ordinaire, et elle a réussi. Même quand tout reposait sur elle, jamais elle n’a cédé.

— Par Margot Braun, Alice Khayami, Nina Selmès et Zoé Silverman

Mme de Châtelet

Alors comme Mme du Châtelet l’a fait, changeons. Changeons tout. Changeons cette devise au front du panthéon dont le message ignore la moitié de notre pays. Écrivons maintenant “Aux grands hommes et aux grandes femmes la patrie reconnaissante”.

En ce moment, cinq femmes reposent au Panthéon dont une femme qui est là par la volonté de son mari. En revanche, il y a soixante-treize hommes qui y sont enterrés, dont Voltaire, qui était associé à Madame du Châtelet. Si Voltaire est au Panthéon, pourquoi pas Émilie du Châtelet, à qui il emprunta probablement plus d’une idée? Lui-même avoua que cette femme méritait en tout d’être considérée comme son égale. “Derrière chaque grand homme se cache une femme”, dit-on. C’est au même endroit que Voltaire que cette grande femme devrait être honorée, cette scientifique, cette écrivaine. Sans qu’on ne le sache, le 10 septembre 1749 fut un jour terrible pour la France. Elle perdit une de ses plus grandes bienfaitrices. Elle perdit cette scientifique hors-pair qui travailla pourtant d’arrache-pied à traduire Newton: 18 heures par jour. N’est-ce pas énorme ?  N’est-ce pas trop, pour le peu de reconnaissance qu’elle reçut? Faisons en sorte qu’elle n’ait pas passé les trois quarts de ses journées à travailler en vain. Si vous voulez qu’une femme brillante, intelligente, assidue, qui puisse dignement représenter l’ambition féminine ait enfin sa place au Panthéon… votez Émilie du Châtelet!

— Par Elisa Bonsignour, Hélène Comer, Jeanne Merveilleux du Vignaux et Selin Nalbantoglu

Marguerite Duras

“La Veil, celle qui,
de mariage devint Curie
s’accorda avec la Simone
qu’“aux grandes femmes la patrie reconnaissante”.
D’après la chimiste, la nation serait consciente
Que les femmes et les hommes sont aussi bonnes
Pardonnez ma faute de français
Le mâle aurait dû dominer la femme
Ô douce Langue de l’égalité
Malgré le dicton de la Veil, Curie
à l’évidence se rendit
que, depuis Berthelot, 3 femmes sont entrées dans la belle écurie”
Celle qui montre que la nation vous remercie
L’avenir nous Duras si l’équilibre sera rétablie

— Par Julien Carillon, Jake Kochman,Yann Le Gloan et Anton Sirgue

Louise Labé

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure ;
La vie m’est et trop molle et trop dure,
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Parmi vous, qui est amoureux? Qui a un jour ressenti l’amour et ses douleurs contradictoires? Ce sentiment qui occupe nos pensées chaque jour, est pourtant si bien décrit dans ce poème célèbre de Louise Labé qui date de plus de 4 siècles. Louise Labé a toujours voulu partager des moments de passion et de souffrance, de joie et de douleurs. Nous ne pouvons pas ignorer l’influence déterminante que cette femme a eu dans notre histoire littéraire par le passé, de nos jours, et soyons en sûr dans le futur. (…) Ses sonnets expriment de la passion, elle partage ses sentiments à travers ses mots. Ses poèmes, ses sonnets évoquent les joies et la souffrance de l’amour, ce qui était très courageux pour une femme de son époque.  Certains l’ont traitée de prostituée, d’autre de lesbienne; ces calomnies ne pourront jamais atteindre l’écrivaine remarquable qu’elle fut. Peu importe ses préférences sexuelles, peu importe ses choix personnels, ce qui compte pour nous aujourd’hui, ce sont les vers immortels gravés dans notre histoire littéraire. C’est pour cette raison, cher jury qui êtes sensibles à la poésie, que vous devez accueillir Louise Labé au sein de notre Panthéon.

— Par Lauren El Chaar, Pedro Fernandez Cuesta, Nina Fishman et Gabriel Herbert

Niki de Saint Phalle

A travers son art, Niki de Saint Phalle dénonce ce que les hommes regardent chez les femmes et s’oppose  à cette vision en abordant tous les thèmes qui sont chers à la femme: la maternité, l’amour et le rêve.

Une de ces “Nanas” les plus connues est la Black Venus. La Vénus de Saint-Phalle ne correspond pas aux stéréotypes de la beauté féminine établis par l’art classique occidental. Au lieu de cela, cette figure permet de montrer que la femme NE PEUT PAS être représentée sous une forme UNIQUE ou une SEULE couleur.  Procédant ainsi, Niki de Saint Phalle exprime sa solidarité avec le mouvement de la libération des femmes noires et des droits civiques. Mais elle ne s’arrête pas là. Niki de Saint Phalle a également soutenu la cause du sida et s’est engagée dans l’association AIDS.

Niki de Saint Phalle reposera au Panthéon. Elle ne s’est pas seulement dévouée à  la cause des femmes, mais à une cause universelle. Tous, chacun d’entre nous, nous pouvons nous retrouver dans cette femme. Car elle nous représente, elle représente la France toute entière. Niki de Saint Phalle s’est battue pour la France, c’est maintenant à la France de se battre pour elle. Pour la place qu’elle mérite aujourd’hui. Pour la fierté que ressent la France de l’avoir comptée parmi elle.

— Par Inès Chiaramonti, Morgan Derveaux, Luca Deslondes, et Chloé Fromigue


About the Author :