Devoirs à la maison: comment passer de la corvée à la sérénité…

 

L’année scolaire est bien entamée et avec elle le rituel des devoirs à la maison. Pour la plupart des parents de l’école élémentaire les devoirs permettent de faire un lien entre l’école et la maison et sont un moyen d’être présents dans la journée scolaire de leur enfant. C’est souvent une façon de reconnaître et valoriser l’importance de l’école et des apprentissages auprès de l’enfant qui peut ainsi partager ce qu’il a appris et se sentir soutenu par l’attention qui lui est portée par ses parents.

Lorsque tout se passe bien, un enfant n’a pas besoin d’aide pour ses devoirs. Cependant, les devoirs à la maison peuvent aussi parfois être source de stress, de conflits familiaux et de mini-crises quotidiennes.

Pour cette raison, il y a quelques années un comité formé d’enseignants et d’administrateurs de l’école élémentaire s’est réuni autour de l’étude et de l’analyse du livre Rethinking Homework, écrit par Cathy Vatterott, la grande “prêtresse” des devoirs, The Homework Lady.

L’objectif de ce comité était d’harmoniser les pratiques des professeurs d’une part mais aussi d’aider les parents à se repérer et à comprendre ce qui pouvait constituer les conditions d’une charge de travail raisonnable en fonction de l’âge des élèves.

Au terme de ce travail, nous avons donc proposé une charte des devoirs pour l’élémentaire détaillant le temps imparti, les conditions et les objectifs des devoirs scolaires. Elle fut ensuite soumise au vote lors d’un des conseils d’établissement du Lycée auquel siègent parents, enseignants et élèves.

Aujourd’hui cette charte est affichée dans les classes et elle doit être cosignée par les enseignants, les élèves et les parents. En donnant des repères elle vise à permettre de rendre cette expérience positive, productive et agréable.

Cependant, si ce n’est pas le cas et que malgré cela les devoirs du soir riment encore pour vous avec désespoir, je recommande les petits conseils suivants qui vous permettront de dédramatiser et de transformer la corvée du soir en un rituel apaisé et serein.

Instaurez des rituels

Les enfants répondent très positivement à l’instauration de rituels non négociables, cela les rassure grâce au cadre créé par l’organisation et la structuration du temps et leur permet d’anticiper et de planifier. De plus cela simplifie la vie de famille ce qui limite les risques de sautes d’humeur…

Alors les devoirs c’est tous les jours à la même heure pour le temps défini dans la charte (environ 40 minutes à l’école élémentaire). Et surtout sans portable, ni connexion à internet et avec un jour, voire deux par semaine de relâche.

Proposez une ambiance propice au travail

Par exemple, installez une tente improvisée en tendant un drap entre deux meubles offrant ainsi  à votre enfant un espace sans tentations (jouets, télé, ordinateur, tablette) qui sera son repaire pour faire ses devoirs. Ce changement de lieu lui permettra aussi de changer d’état d’esprit et de laisser hors de ce nouvel endroit mauvaise humeur ou fatigue.

Vous pouvez aussi lui proposer de se déguiser en super héros/héroïne, même avec un simple bout de tissu. L’idée étant de lui suggérez d’incorporer les qualités de son personnage préféré(e) qui bien entendu, réussit tout ce qu’il/elle entreprend.

Aidez votre enfant à se mettre à la tâche

Au lieu de lui adresser un: “File faire tes devoirs” peu engageant et peut-être même menaçant, surtout si prononcé sur un ton autoritaire essayez plutôt de:

  • Choisir avec lui un signal (un cri de guerre, d’animal, de joie, de colère, de désespoir) et poussez-le ensemble: le cri défoule, libère les émotions et la respiration.
  • Ou bien encore de choisir un rituel de démarrage à la manière du haka des All Black, qui lui insuffle de l’énergie et un mental de champion(ne)

Nouez de la complicité

Un exercice utile en cas de tension est le suivant: asseyez-vous dos à dos et faites avec votre enfant le point sur sa journée, proposez-lui de l’aide, ou écoutez-le réciter sa poésie apprise par coeur. Dans cette position, vous pouvez également codifier la pression du dos afin de garder le contact sans qu’il ait besoin de parler: pression à gauche=oui, à droite=non.

Résistez à l’envie de corriger

Afin de permettre à son enfant de construire son individualité et son autonomie, il est important de ne pas trop empiéter sur sa vie à l’école.

Si l’engager dans un dialogue sur ses apprentissages et le faire parler de ce qu’il apprend est souhaitable et recommandé, il ne faut pas lui donner le sentiment qu’on veut tout vérifier, tout corriger et être derrière son dos lorsqu’il fait ses devoirs. L’enfant a besoin d’espace, de confiance et d’encouragement. Si il sent que l’on doute de lui, il doutera lui aussi de sa capacité à accomplir la tâche qui est la sienne. Et si c’est trop difficile, parlez-en à son enseignant qui est la personne qui pourra analyser et comprendre les raisons de ses difficultés.

La participation scolaire des parents devrait rester ludique et en relation avec le quotidien: cuisiner, visiter une expo, donner des petits défis en calcul mental ou en jouant avec les mots. L’enseignant est et doit rester la personne ressource pour tout problème lié à la scolarité.

Calibrez le temps et l’effort

Demandez à votre enfant d’évaluer la quantité, la difficulté et le temps requis pour ses devoirs en les représentant sous la forme de blocs de Lego: par exemple 3 Lego jaunes pour la récitation qu’il adore et 5 Lego rouges pour la résolution de problème qu’il aime moins…Chaque fois qu’il accomplira une tâche il assemblera les Lego correspondants. Cette représentation visuelle de la tâche à accomplir permet de valoriser et de quantifier son travail mais aussi de planifier et d’élaborer des stratégies: préfère-t-il commencer par les tâches les plus ardues ou les garder pour la fin?

Pensez toujours à lui annoncer/rappeler le temps qui sera consacré aux devoirs: (en fonction de son âge) 20, 30, 45 ou 60 minutes mais pas une de plus.

Responsabilisez votre enfant

Lorsque la situation devient trop chargée en émotions et que cris et pleurs sont au rendez-vous, une solution est de dénouer les tensions en responsabilisant l’enfant. Par exemple lui dire que sa scolarité et ses résultats scolaires lui appartiennent, qu’on ne lui en parlera plus parce-que cela crée trop de conflit entre vous et lui.

Ensuite, lui proposer des choix:

  1. Ne pas faire ses devoirs
  2. Faire ses devoirs tout seul
  3. Avoir recours à votre aide. Cependant, limitez-la dans le temps en proposant un horaire où vous êtes disponible (par exemple de 18:00 à 18:30)

Même si ce conseil semble difficile à mettre en place lorsqu’on est un parent inquiet et qu’on a peur de perdre le contrôle, il permet de rendre l’enfant autonome et petit à petit capable de prendre en charge sa scolarité.

Apprenez-lui à apprendre

Pour retenir une leçon proposer à votre enfant de dessiner une carte mentale/ heuristique. Il doit d’abord écrire le thème principal qu’il entoure au centre d’une feuille. A partir de ce cercle, il tire des flèches sur lesquelles il note dates importantes ou savoirs clés jusqu’à obtenir une représentation visuelle de ce qu’il doit retenir. Il peut accompagner le texte de petits dessins ou bien encore noter ces éléments sur des Post-it qu’il pourra repositionner pour réviser sa leçon.

Cette technique permet d’aborder les savoirs sans avoir à les classer immédiatement et limite ainsi le stress. Une carte mentale devient une oeuvre d’art colorée et dynamique dont les enfants sont souvent très fiers.

Il existe pléthore de logiciels pour s’initier aux cartes mentales: Freemind, Mindview, Xmind, etc…

Déléguez

En dernier recours, inscrire son enfant à l’étude surveillée ou déléguer la surveillance et l’aide aux devoirs à une tierce personne compétente peut permettre d’apaiser votre relation et ainsi sa relation à l’école. Il existe aussi aujourd’hui des plateformes de tutorat en ligne telles que Maxicours.com qui soutiennent les apprentissages grâce à des successions d’activités, des vidéos, des quiz et des exercices, à un prix d’abonnement annuel très raisonnable.

J’espère que ces quelques suggestions vous aideront à faire gagner votre enfant en autonomie et que très vite le calvaire des devoirs se transformera en moment de complicité familiale. Car vous l’avez compris: le caractère ludique de ces quelques conseils détendront votre enfant, le rassureront sur sa capacité à réussir et prépareront sa concentration, conditions sans lesquelles les apprentissages sont impossibles…


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