Jazz musician Oran Etkin gave a lesson in jazz and storytelling to sutdents of the Lycée Français de New York

Une matinée en Jazz pour les maternelles

 

Un vendredi récent, l’artiste de jazz Oran Etkin a passé une matinée avec des élèves de maternelle au Lycée Français de New York. Vannina Boussouf, Assistant Head of School et Directrice de l’école primaire, fait le bilan sur ce moment d’apprentissage fascinant (et magnifique !)

Vendredi matin. Lycée Français de New York.

Ma journée a commencé depuis un petit moment: arrivée à l’école, bonjour aux collègues, accueil à l’entrée de la 76e rue. Le cœur de l’école primaire commence à battre. On sent partout la vibration de la présence et de l’énergie des enfants. Très vite, une heure passe. 

9:20 déjà! 

Je suis dans l’auditorium ainsi que les 9 classes de maternelle. Oran Etkin est sur scène. Il fait face à un public exigeant et sans indulgence: 161 élèves de 3 à 5 ans. Et voilà que la magie se produit: le jazzman ouvre sa bouche et embarque son jeune auditoire dans un conte merveilleux où l’instrument, “Clara Inette”, prend forme humaine et parle aux enfants en phrases verbales et musicales riches et complexes. Et pourtant, tout le monde comprend… Clara converse avec les membres de sa famille: la basse, le piano et la batterie. Elle prend le volant de sa voiture qui roule à l’énergie renouvelable du rythme créé par le claquement des mains des enfants. Elle veut parcourir la ville, aller à Harlem pour rendre visite à ses amis Dizzy Gillespie et Duke Ellington.

En français, en anglais, Oran invite les élèves à pleinement participer à la magie du spectacle et à découvrir le jazz  comme un langage à part entière avec lequel on communique aussi bien qu’avec des mots.

 

L’émotion de la salle est palpable: l’engagement des élèves est complet. Tout le monde écoute, tout le monde apprend. La clarinette est vivante, elle sort de son sommeil grâce au souffle musical de l’artiste, elle parle.  Les enfants sont fascinés et se concentrent sur l’histoire de ce drôle de personnage qui s’anime sous leurs yeux émerveillés et ravis.  

Cette émotion leur permet d’entrer en contact avec leur capacité à comprendre, à se laisser envahir par la connaissance qui se transmet dans le plaisir.

L’école révèle toute sa splendeur de lieu où l’on apprend. On apprend d’abord à s’exprimer et à raconter: en français et en anglais, une histoire est narrée, un schéma narratif est suivi. Le vocabulaire utilisé est celui du voyage et du conte. Il y a du merveilleux et du rêve et on apprend également à distinguer la réalité de la fiction. 

On apprend aussi ce qu’est une phrase: verbale bien sûr avec l’histoire de Clara mais aussi musicale lorsque les mots se transforment en rythmes. On fait connaissance avec de grands artistes de jazz, Duke qui vit à Harlem et Dizzy qui nous enseigne le bebop. Et évidemment on fait connaissance avec le jazz, les jazz!

même les savoirs les plus complexes sont accessibles à de très jeunes enfants

On apprend à créer du rythme, on fait bouger son corps et on coordonne nos mouvements. Quelle belle manière d’expérimenter la grande motricité! On affine nos mouvements: nos mains et nos doigts claquent: séance de motricité fine à présent! 

Oran termine son spectacle, et je suis professionnellement comblée. Fabuleux pédagogue, remarquable musicien! Savoir qu’il sera notre prochain artiste en résidence pour les classes de CE2 me remplit également de joie car j’anticipe déjà ces cinq jours de master classes comme une formidable occasion d’apprendre tant de choses passionnantes sur la musique et le jazz bien-sûr mais aussi sur le processus créatif et la collaboration, et peut-être même d’éveiller de futures vocations…

Emue par ce moment de grâce où l’art et la pédagogie se sont rencontrés, où l’art est une pédagogie où la pédagogie est un art, je prends le temps de réfléchir à ce qui compte vraiment dans la relation des élèves au savoir.

C’est en fait l’émotion qui, chimiquement, imprime l’apprentissage dans le corps et le cerveau des enfants (et des adultes!).

Le positionnement de l’éducateur est incontournable: pour nous adultes en charge des enfants–parents, enseignants, responsables d’équipe–il faut entretenir:

  • Même les savoirs les plus complexes sont accessibles à de très jeunes enfants. Ne jamais faire de compromis sur la qualité des savoirs que nous transmettons est une marque de respect pour les enfants. C’est en étant exigeant dans nos choix éducatifs que nous les rassurons sur leur capacité à comprendre et à apprendre et les engageons dans la construction d’une identité saine basée sur la confiance en soi. Rendre cette complexité assimilable relève de notre responsabilité d’adultes, pas de la leur.
  • La volonté de partager nos passions et le désir de créer des émotions. Je reste convaincue qu’il n’existe pas d’apprentissages sans émotion. C’est en fait l’émotion qui, chimiquement, imprime l’apprentissage dans le corps et le cerveau des enfants (et des adultes!).  L’émotion permet de retenir et de réactiver ensuite ce nouveau savoir.
  • Il n’existe pas d’émotions sans connexion humaine. La connexion s’établit sur la confiance dans l’adulte et lorsque les enfants se sentent vus et écoutés. Lorsqu’ils sentent que l’adulte est présent pour eux et en charge de leur bien-être et qu’il a construit un environnement d’apprentissage dans lequel les enfants peuvent anticiper les conséquences de leurs actions. Il faut donc une relation d’adultes à enfants basée sur l’écoute, le respect, l’ouverture d’esprit et la constance.

Apprendre dans un environnement accueillant, chaleureux, bienveillant, où tout le monde se sent respecté et inclus, dans la joie, motivé par l’authenticité, la valeur et la qualité des apprentissages et surtout entouré par des éducateurs humanistes et passionnés, fait partie de l’ambition de l’école.

L’excellence du programme de notre Centre culturel, la qualité des propositions des résidences d’artistes sélectionnées, la sélectivité de notre recrutement et l’importance donnée à la formation professionnelle soutiennent cette ambition.

 


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