À Etzer Vilaire, nous avons travaillé avec des élèves âgés de quatre à quinze ans pour décorer les murs de la salle de classe en parpaings gris.
Parmi les projets, nous avons peint un abécédaire en créole, une carte d’Haïti, dessiné des fleurs et des animaux autour du drapeau haïtien et créé des affiches éducatives sur les couleurs et les formes.
Au Lycée Jean-Baptiste du Point du Sable, nous avons animé des ateliers parascolaires, avec notamment des autoportraits inspirés d’Andy Warhol, de l’artisanat, du jardinage, des cours de ukulélé, des expériences scientifiques et des marionnettes en ombres chinoises.
Dans les semaines qui ont précédé le voyage, nous avons travaillé en groupes de deux ou trois pour préparer ces activités. Nous avons travaillé chaque semaine pour rendre l’activité aussi cohérente et facile que possible pour les élèves du primaire.
Avant le voyage, nous savions tous à que nous allions être confrontés à beaucoup de pauvreté. Nous avons visité le village de Pont Leocan, juste de l’autre côté de la rue où plusieurs familles de l’école vivent et se promènent autour de leurs maisons. Nous avons vu le sourire sur les visages des filles qui tressaient nos cheveux, nous avons passé des bouteilles d’eau aux enfants assoiffés depuis les fenêtres de notre bus, nous avons vu les yeux des jeunes garçons s’illuminer quand ils ont reçu quatre nouveaux crayons. Ces petits gestes qui nous semblent ordinaires ne le sont pas pour eux. Chez Etzer Vilaire en particulier, un nouveau cahier – une chose très normale pour nous – signifiait tout pour eux.
En tentant de réfléchir depuis leur perspective, nous avons observé deux ou trois choses. Les élèves les plus jeunes étaient très accueillants et ont immédiatement sauté sur nous. D’un autre côté, les plus âgés étaient étonnamment plus timides au début. En ce qui concerne les enseignants, nous avons remarqué que certains n’étaient pas aussi accueillants ou ouverts que d’autres, se tenant à l’écart et moins dans l’échange que nous l’avions espéré. Mais dans l’ensemble nous avons tous été accueillis avec de grands sourires et des bras grands ouverts.
Nous avons noué des relations incroyables avec les enfants et, quand nous sommes rentrés chez nous, nous avons ressenti un vide et une tristesse immense parce qu’ils nous manquaient déjà. Nous nous sommes sentis aussi coupables et un peu honteux. Nous avons parlé pendant des heures, en groupe, et échangé sur nos ressentis. Comment se fait-il que ces incroyables et beaux enfants n’aient pas eu les même chances que nous dans la vie?
Ce voyage nous a véritablement ouvert les yeux. Même si certains d’entre nous avaient déjà été témoins de la pauvreté dans d’autres pays, ce n’est que lorsque nous avons établi des liens avec ces enfants que nous avons vraiment compris ce qu’ils devaient endurer chaque jour. Grâce à cette merveilleuse expérience et à ce voyage, nous sommes maintenant en mesure de prendre du recul sur nos propres vies et de voir à quel point nous sommes tous privilégiés et chanceux.
Alice K., Lea S., Clara F. et Ines L. au nom de L’équipe d’Haïti 2018!
About the Author :
Ancienne élève du Lycée, Vivianne Kurzweil est titulaire d’un bachelor de sciences appliquées de l’University of Pennsylvania et d’un master en encadrement éducatif à Bank Street College Suite au 11 septembre 2001, elle a créé un programme de service communautaire au Lycée. En tant que directrice de l’enseignement par l’apprentissage (Service Learning), Vivianne travaille avec ses collègues pour promouvoir des programmes de service communautaire et d’enseignement par l’apprentissage. Grâce au volontariat et à des actions de sensibilisation, les élèves du Lycée, apprennent à se rendre utiles à New York et à travers le monde.