Le programme de maths du Lycée est bilingue. En quoi cela profite-t-il aux élèves ?
En tant qu’enseignants en mathématiques, le bilinguisme et le biculturalisme sont deux de nos meilleurs atouts. D’un côté, la tradition mathématique française est très ancrée et même réputée dans le monde entier. Elle est pensée pour poser les fondements d’une compréhension des concepts théoriques, des mathématiques pures et des compétences de raisonnement – de quoi conforter un socle solide pour nos élèves. Le programme français traditionnel fait la part belle à la géométrie, par exemple, ainsi qu’à l’algèbre et à l’arithmétique. Au lieu d’étudier d’abord l’algèbre I puis l’algèbre II, le programme du Bac progresse de manière cyclique à travers les concepts, en approfondissant au fur et à mesure. Il constitue une bonne préparation pour le monde réel car il propose des biais pour étudier les problèmes sous des angles différents.
D’un autre côté, l’approche américaine des maths est à la fois concrète et pragmatique, et insiste sur les statistiques et l’analyse des données. Nombre d’opportunités d’emploi existent dans les secteurs de la technologie et de la finance aux États-Unis, et qui n’existent nulle part ailleurs – tant dans la Silicon Valley qu’à Wall Street. Nous cherchons à armer les élèves pour qu’ils réussissent dans ces secteurs s’ils choisissent de s’y engager.
Parce que les élèves du Lycée sont baignés de tradition mathématique française, qui intègre certains aspects du programme américain, nous les aidons à s’adapter et à les préparer aux tests standardisés américains, comme les SAT et ACT, afin qu’ils bénéficient d’une expérience approfondie en maths, et aussi d’une boîte à outils plus nourrie pour leurs études ultérieures. Si vous me permettez la comparaison mathématique : l’éducation bilingue ajoute plus que la sommes des éléments qui la composent. Une école qui permet aux élèves de maîtriser à la fois les approches française et américaine les aide à penser de manière créative. C’est le type de flexibilité que nous recherchons dans un programme bilingue ou international, et dont nous pensons qu’il peut réellement profiter à nos élèves par la suite.
Comment la place des mathématiques dans le programme français a-t-elle évolué au fil du temps ?
L’histoire de l’enseignement des mathématiques en France est absolument fascinante. Au début du 20ème siècle, le système éducatif français reposait beaucoup sur les humanités (principalement latin et grec) dans l’optique d’identifier et de recruter les penseurs d’élite. Mais cette méthode d’évaluation restait très classique. Elle se fondait sur l’accès à une certaine forme de culture, à un certain type d’ouvrages, et à une certaine idée de la connaissance, qui ne laissait aucune place pour l’ascension sociale des classes ouvrières. Après la Seconde guerre mondiale, les mathématiques ont émergé comme un biais de démocratisation de l’éducation, et de transformation de la société française. Soudain, l’école la plus prestigieuse de l’Hexagone était l’École Polytechnique. Et éducation rimait avec méritocratie.
Aujourd’hui, à l’ère informatique, les maths sont plus omniprésentes et incontournables que jamais. La plupart des filières les considèrent comme un bloc fondamental, que les élèves choisissent par la suite d’étudier les STIM, les sciences, la technologie, la programmation, l’ingénierie, la médecine, ou autre chose. Tous devront sans doute faire des déclarations de TVA, prendre des décisions financières qui auront un impact sur leur avenir professionnel et personnel. Si les élèves intègrent le monde de l’entreprise, ils pourraient tout à fait devoir encadrer une équipe d’ingénieurs IT ou examiner des déclarations et de pertes et profits, planifier un budget et même gérer des risques.
Il est donc primordial qu’ils puissent communiquer et s’exprimer au sein d’un cadre mathématique. En tant qu’éducateurs, l’un de nos objectifs est d’enseigner aux élèves cette relation avec le savoir.
Quelles sont les compétences mathématiques essentielles au XXIe siècle ?
Dans le monde du travail de demain, les jeunes leaders et autres pionniers doivent pouvoir réfléchir de manière construite et porter de multiples casquettes. Il ne suffit plus de demander aux élèves de résoudre des calculs de routine dans un manuel. Il faut au contraire qu’ils s’exercent à la résolution de problèmes, compétence qui les prépare aux scénarios du monde réel, aujourd’hui et demain.
Au Lycée, nous donnons aux élèves des casse-tête ouverts, des scénarios où ils endossent le rôle d’urbanistes qui doivent concevoir les routes pour la circulation, d’architectes chargés de bâtir des ponts ou d’ingénieurs aéronautiques œuvrant au lancement de satellites. Pour relever de tels défis, les élèves apprennent à réunir des informations à partir d’un environnement réel, à analyser les données et à établir des connexions. Ils doivent être en mesure de prouver pourquoi leur solution fonctionne. Et apprennent ainsi à se servir de la logique pour convaincre.
Ils construisent des robots, et utilisent les langages de programmation complexes, à l’instar de Python, pour programmer des robots chargés de résoudre des labyrinthes. Ils participent à des concours comme « math sans frontières ». Ils utilisent des formes et des logiciels 4D pour concevoir des schémas de jouets et de porte-clés, imprimés ensuite sur notre imprimante 3D. Nos élèvent conçoivent leurs propres dallages, et réalisent des vitres en verre teinté.
Quelle est la place des maths dans le nouveau programme du Bac ?
Les maths représentent une matière essentielle. Pour toutes les raisons que nous venons d’énumérer, nous nous assurons que chaque élève, quel que soit son domaine d’intérêt, ou son programme, étudie les maths jusqu’en Première, et normalement tout au long de Terminale. Deux options sont toutefois proposées : les élèves passionnés par les maths ou qui excellent dans cette matière peuvent continuer avec Maths en dominante, une préparation formatrice pour le niveau universitaire. Les élèves qui ne souhaitent en revanche pas poursuivre les maths de haut niveau à la fac peuvent suivre une voie baptisée College Prep math. Cette option permet aux élèves de continuer de faire suffisamment des maths pour satisfaire aux exigences de l’université, tout en poursuivant d’autres intérêts.
Outre la préparation aux examens, pourquoi les maths sont-elles importantes ?
Il existe des millions de raisons d’étudier les maths. Chacun a besoin de maîtriser les bases pour prendre des décisions éclairées, c’est la priorité. Par ailleurs, les maths en soi sont un langage. Quand vous maîtrisez ce langage, vous pouvez exercer librement votre propre créativité, et ainsi articuler votre réflexion et exprimer des solutions. Les maths demandent de la rigueur et de la pratique, mais elles sont aussi ludiques. Pour vous en convaincre, demandez à n’importe quel prof de maths !
About the Author :
Originaire d’Alsace, Nicolas L’Hotellier est proviseur adjoint du Lycée depuis 2009. Après avoir obtenu une maîtrise en mathématiques et le CAPES, il a enseigné cinq ans dans un collège avant d’occuper le poste de proviseur adjoint dans deux établissements distincts. Depuis 2008, il est titulaire d’un master en direction des établissements d’enseignement publics. Il aime encourager chez les élèves la curiosité et le respect des autres. Nicolas est marié et papa de deux garçons.