Lors d’un concours d’éloquence organisé par le département de français, des équipes d’élèves de seconde ont plaidé en faveur d’une femme qui, selon eux, mérite d’être plus largement reconnue et d’être honorée au Lycée.
Les chiffres, sinistres, sont là : deux pour cent de rues, en France, portent le nom d’une femme. La situation n’est guère plus réjouissante aux Etats-Unis, ce que de nombreuses féministes américaines décrient. Devant ce constat que nous avons partagé avec nos élèves de Seconde en classe de français, nous avons décidé de centrer cette année le concours d’éloquence sur le sujet de la place des femmes dans la cité. Et parce que nous ne sommes jamais mieux servis que par nous-mêmes, pour verser de l’eau au moulin du féminisme, nous avons développé le projet suivant : renommer trois salles du Lycée, notre cité, pour que ces salles ne portent plus un nombre mais un nom de femme. Les élèves ont donc présenté dans un discours de cinq minutes une femme qui mérite à leurs yeux de voir son nom honoré, une femme de tous les domaines, littéraires, sportives, politiques, artistes, sans limites d’origine ethnique ou de langue, à l’image de la mission de notre école.
Ce concours a d’autres vertus que celle d’œuvrer à la seule et belle cause des femmes : il a pour but de préparer les élèves au grand oral du Baccalauréat de français. Il permet aux étudiants d’affirmer leur identité avec force et de trouver une aisance à l’oral, tout en les formant ainsi au travail d’argumentation propre au genre du discours. Grâce au Centre culturel, pour ce travail nous avons eu la chance de rencontrer Stéphane de Freitas, fondateur d’Eloquentia et auteur d’un ouvrage sur la pratique de l’oral en classe. Lors de deux séances Zoom très fructueuses, il a présenté sa méthode, a partagé d’utiles conseils techniques et a travaillé à améliorer les exordes que quatre groupes lui ont présentés.
Cette année le concours a fait l’objet d’une présélection durant laquelle quatre classes de Seconde ont concouru par groupe de cinq chacune. Il s’agissait en effet de discourir en groupe, ce qui est une autre qualité de cet exercice, utile dans leur avenir professionnel. La sélection finale du 15 décembre réunissait huit groupes qui présentèrent devant toutes les secondes réunies la femme de leur choix. Le jury était composé de Evelyne Estey, Cheffe d’établissement; Jérémie Bourdon, Directeur du secondaire; Aude Fourmont, enseignant en Support Spéciaisé ainsi que Joëlle Reilly et Catherine Reed du département d’angais.
De nombreuses grandes femmes ont été présentées. Les équipes gagnantes de ce 2021d concours ont fait un travail particulièrement remarquable en argumentant en faveur de trois femmes : Joséphine Baker, Simone de Beauvoir et Billie Jean King.
Place aux femmes, ce sera au sens strict, le cas. Le 8 mars, journée de la femme, nous organiserons une cérémonie d’inauguration du nouveau nom de salle des trois groupes gagnants. Une plaque, à la française, émaillée – lettres blanches sur fond bleu – sera posée aux portes de trois espaces dans le Lycée. Ainsi la parole se fera acte et par cette transformation du lieu du Lycée, les élèves témoigneront en qui ils se reconnaissent, qui les inspire, qui sont les figures dont ils se sentent proches et qui les font rêver.
About the Author :
Professeur de français, Frédérique a rejoint le Lycée en 2020. Docteur ES lettres (PhD Emory University in Georgia), elle a enseigné à l’université (Emory University, Columbia University, Clark Atlanta University], en lycée, collège, Institut Français et écoles de commerce. Spécialiste de l’œuvre de Salvador Dalí, elle est également commissaire d’exposition ainsi que critique d’art pour le magazine Artpress.