Boris Cyrulnik : de l’empathie aux “murmures des fantômes”

 

Alors que le Lycée Français de New York place l’élève au centre de ses préoccupations créant un réseau de professeurs référents dans tous les niveaux de classe, favorisant l’apprentissage du dialogue dans les clubs comme celui de la diversité par exemple, l’empathie en développant le travail communautaire et le service learning, on ne s’étonnera pas que le Centre Culturel du LFNY ait invité Boris Cyrulnik, l’homme de la situation, le célèbre psychanalyste bien connu des Français (il intervient fréquemment sur les ondes), qui, s’appuyant sur les travaux du Britannique John Bowlby a développé le concept de Résilience. Il a accepté.

Saluons au passage tous les parents qui grâce à leurs contributions au Fonds Annuel rendent possibles ces rencontres qui positionnent différemment le Lycée Français de New York sur l’échiquier culturel et pédagogique francophone et new yorkais. Et un hommage tout particulier au Dr. Ghassan Abou-Alfa et à sa femme le Dr. O’Reilly Abou-Alfa puisque cette conférence s’inscrivait dans la série Célébrons l’humanité autour du Globe sponsorisée par ces deux parents au Lycée.

L’empathie s’apprend dès le plus jeune âge

Aux élèves de Premières et Terminales, le conférencier a parlé de l’empathie, cette capacité à se représenter l’univers de l’autre qui s’apprend dès le plus jeune âge dans la communication avec l’autre. Le bébé montre du doigt pour déjà partager, puis vient la parole pour créer le monde de la représentation qui structure l’interaction.

En contrepoint, il a décrit le retard de développement clinique observé sur des bébés macaques élevés en isolement, et ses corollaires neurologiques et psychologiques : auto mutilation, absence d’élan sexuel, absence de fonctionnement dans le groupe.

L’importance des 20 premiers mois de la vie

Avec les professeurs du Secondaire, Boris Cyrulnik a insisté sur le rôle de l’école qui peut « sauver » les enfants atteints de carence affective. Avec les parents enfin, le célèbre rescapé de la Shoah a évoqué la transmission de la mémoire et souligné l’importance de créer un monde familial « secure » (le mot anglais est passé dans le vocabulaire français pour définir ce capital de sécurité affective créé dans les 20 premiers mois de la vie). Pour voir la vidéo de sa présentation, cliquez sur ce lien.

Boris Cyrulnik lors de sa présentation au Lycée mardi 17 mars 2015.

Boris Cyrulnik vit à Toulon. Son humour a les accents rieurs du Midi. L’humanité de l’homme qui a échappé in extremis aux camps de la mort mais a survécu à la guerre orphelin – ses parents ayant été déportés – est troublante. Troublés donc les élèves de Première et Terminale se sont légèrement moqués : à 77 ans, Boris Cyrulnik est dur de la feuille. Expression adolescente d’une émotion intense.

Une visite gravée dans les annales du LFNY

Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences : l’homme aura prouvé sa résilience en partant d’un pas allègre, à l’heure du brave, en plein décalage horaire, prendre un dernier verre, avec quelques parents venus assister au cocktail-conférence organisé par l’APL et généreusement accueilli au domicile de Monsieur et Madame Ashwin Rinaldi, aussi parents au Lycée.

Le Centre Culturel a atteint son objectif : fédérer élèves, professeurs et parents autour d’un même évènement culturel, dans un même désir éducatif et pédagogique. Et susciter des conversations à bâtons rompus dans la classe, à la maison voire au café du quartier, le Moulin à café ! La venue de Boris Cyrulnik restera gravée dans les annales du LFNY, et, puisque c’est cela dont il est question, dans cette mémoire collective positive qui nous aide à être nous-mêmes tout en restant en empathie avec l’autre.

Boris Cyrulnik a publié son autobiographie en deux tomes Sauve-toi la vie t’appelle (2012) et Les âmes blessées (2014) aux éditions Odile Jacob.

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