Benjamin Chaud alias Pomelo ou La Grande Aventure de la vie

 

Lorsque l’on invite un artiste à venir en résidence au Lycée, c’est parfois la surprise. Bien sûr, on a eu l’occasion – le devoir – de lui parler, d’étudier son travail, notamment au sein du comité d’artiste en résidence, composé de parents, de professeurs et d’élèves, de consulter les professeurs. Mais, si l’artiste habite à l’étranger, en France en l’occurrence, les échanges n’ont lieu que par téléphone. C’est donc la surprise, et on l’espère divine. Avec Benjamin Chaud, artiste en résidence pour les CP du 28 avril au 2 mai dernier, elle le fut.

La première image fut ce petit sac en toile mou qu’il portait nonchalamment accroché sur l’épaule, affichant ainsi sa jeunesse en bandoulière. Un carnet de croquis, un crayon magique aux multiples couleurs (qui fera le joie des enfants lors de la signature des livres et des autographes, le vendredi), peut être un porte-monnaie, et un téléphone portable français dont la seule fonction serait de téléphoner… au bout d’une semaine de résidence, je pus ainsi reconstituer peu ou prou le contenu du sac. Qu’ importe, le message m’avait sauté aux yeux : le jeune homme n’avait besoin d’aucun artifice pour se présenter.

Benjamin Chaud.

Cette aisance, cette confiance en soi, allaient se confirmer au cours de la semaine et agir comme une potion magique auprès des élèves. « Bonjour Benjamin Chaud » fut le cri de ralliement dès potron-minet dans les classes de CP. Le défi était de taille. Sans doute suis-je celle qui doute, toujours étonnée depuis deux ans que le programme existe, de voir l’artiste prendre en main un niveau entier – environ une centaine d’enfants – et réussir à créer en une semaine un projet final.

A l’occasion d‘un déjeuner, Benjamin m’a parlé de son village près de Briançon, de ses parents apiculteurs qui vendent leur production dans un refuge à flanc de montagne, de ses racines robustes qui lui ont donné des ailes. Benjamin n’a jamais douté de son talent, lui qui n’était ni sportif comme son père, aussi guide de haute montagne, ni doué pour les études, mais qui dessinait du soir au matin. Il fallait être le meilleur – la montagne ne pardonne pas les erreurs -, il le serait, passant les concours des écoles parisiennes comme des formalités.

Une élève de CP dessine les immeubles de New York, qui serviront de toile de fond pour Pomelo l’éléphant rose.

De la rencontre avec son co-auteur Ramona Badescu est né Pomelo, l’éléphant rose. Pourquoi Pomelo ? Pourquoi pas. Plus important que le personnage sont les péripéties qu’il traverse, depuis 11 ans, découvrant album après album la grande aventure de la vie.

Pendant une semaine, Benjamin a guidé les élèves  dans cette aventure-là, dans cette montagne-là : apprendre à se taire pour écouter ses envies, laisser le crayon nous guider hors du cadre, avancer sur son propre chemin d’un pas sûr.

En retour, les enfants ont « appris » à Benjamin alias Pomelo, New York, lui qui n’y était jamais venu. Ils l’ont emmené en haut de l’Empire State, l’ont promené au zoo de Central Park , l’ont invité à manger des glaces, beaucoup de glaces. .. lui ont raconté leurs peurs, leurs envies, ont suivi le cours de leur imagination, sont devenus artistes à leur tour.

Crédit Photos: Young Kim.


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