Dans les coulisses des Rêves d’Einstein

 

Tous les mardis à 13h30, trois professeurs et une demi-douzaine d’élèves se sont réunis en salle 305. Qu’ont-ils fait ? Ils ont mangé des sandwichs et des cookies, et  entre deux bouchées, ils ont traduit un texte, mi roman, mi rêverie poétique, intitulé Einstein’s Dreams de Alan Lightman. Ils l’ont traduit de l’anglais au français pour le Club Théâtre qui l’a mis en scene.

Le club théâtre envoyait ses choix : tel chapitre, tel passage, telle phrase. Les traducteurs le renvoyaient la semaine suivante, traduit, prêt à devenir un moment de théâtre. Elèves et professeurs préparaient la traduction à la maison et pendant la réunion comparaient les versions de chacun.

Au début, cela prenait beaucoup de temps: chacun défendant son interprétation du texte, son idée, le mot français qui traduisait le mieux telle ou telle nuance de l’anglais. Arriverait-on jamais à une version finale? Pas sur !

Parmi les élèves, des tendances se sont dessinées: certains voulant l’exactitude, d’autres voulant conserver l’ambiguité du texte, d’autres recherchant la poésie, l’euphonie. Parfois, (mais rarement) pour couper court, c’est l’argument d’autorité (les professeurs) qui mettait fin aux hésitations.

Quelques incidents ont jalonné le parcours: on a passé un long moment à discuter sur le terme anglais “stilts”: des échasses ou des pilotis? il s’agissait de maisons construites sur pilotis, mais ces maisons ressemblent à des oiseaux montés sur des échasses. La faune et la flore posent problème: l’anglais parle d’un oiseau commun aux Etats Unis, “the osprey”, mais en français c’est un “balbuzard”. Impossible d’utiliser ce mot. De même pour le poisson le plus pêché ici, le “Blue Fish”: on dira tout simplement “poisson”.

De temps en temps, en relisant une phrase traduite, le groupe s’aperçoit que c’est un vers blanc, ou que l’on crée des rimes internes. Peu à peu on s’approprie le texte, les élèves deviennent un peu plus critiques : on voudrait améliorer l’anglais, on note des incohérences. En traduisant, on a le sentiment de créer. Les décisions finales sont prises de manière très démocratique, mais parfois, quelqu’un propose un mot, qui tout de suite, paraît “génial”. C’était le mot que tous cherchaient. Sentiment de triomphe partagé.

On écoute la phrase pour la juger : c’est à l’oral que l’on “entend la meilleure solution”. Et puis, le texte traduit est destiné au théâtre, il faut qu’il passe à l’oral.

On y est finalement arrivé. Et le resultat fut magique. A l’écrit comme à l’oral. Sur le papier comme sur le plateau.

– L’équipe des élèves et leurs professeurs ont contribué  à cet article.


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