Exemples de questions :
- Pourquoi avoir choisi d’écrire ce livre en français?
Je parle bien hébreu et je le traduis mais ce ne peut pas être ma langue d’écriture. Ce n’est pas la langue dans laquelle je pense et j’imagine. Contrairement à d’autres qui peuvent écrire en deux langues différentes comme Milan Kundera. Le rapport à la langue maternelle est très fort pour moi, je dis parfois que j’habite le français. Changer de langue d’écriture, c’est comme faire du piano à 3 ans puis du saxo à 40. Je suis plus précise en français qu’en hébreu. Pour moi, la musique de la langue est plus forte en français qu’en hébreu.
- Est ce que tous les personnages sont réels ? Si oui est-ce que vous êtes encore amie avec quelques unes des personnes du livre ?
Un seul personnage n’est pas réel : Eynat. C’est un roman autobiographique certes mais j’avais besoin de l’inventer car je n’ai pas eu cette amie-là pendant l’armée. Je voulais faire un roman, pas un récit. J’avais le désir de revivre les choses autrement avec cette liberté-là.
En revanche, je ne vois plus, Rahel et Yulia car la vie nous a séparées.
- Est-ce que votre vision et votre rapport aux gens est influencé par votre double nationalité?
Ma double nationalité est importante oui, mais le sentiment d’être français persiste même si je n’avais pas cette nationalité.
Ce qui a compté, c’est le départ à 13 ans et demi pour Israël. Je n’avais pas de connaissance de la langue, ni de l’alphabet. Ce fut un choc de découvrir cette langue écrite sans voyelle.
J’étais dans une situation dans laquelle j’étais étrangère et je ne comprenais rien. C’est cela qui a modifié mon regard sur les gens.
Quand on ne comprend pas la langue, on se raccroche à autre chose. Aux mimiques, aux gestes. On se sent bête. Ce sentiment m’a traversée pendant longtemps – au moins un an.
- Avez-vous des conseils à donner en matière d’écriture ? Et préférez-vous lire ou écrire ?
Plein. Il n’y a pas vraiment de recette. J’ai écrit près de 17 livres. A chaque livre, de nouvelles questions. Plus j’avance, plus je suis exigeante. Pour écrire, il faut prévoir du temps. Il faut accepter le temps, et accepter d’avoir des échecs. Pendant longtemps, je n’ai pu écrire que des débuts et je ne savais pas comment aller au-delà. Mais, un conseil donné par Geneviève Brisac, éditrice à L’École des Loisirs, à qui j’avais donné un texte que je venais de commencer, a débloqué la situation. Elle m’a dit que mon début était trop compliqué et que j’allais me perdre
Il faut écrire sur quelque chose de très simple mais en y mettant tout ce que vous avez envie de dire.
Ce fut un conseil précieux car j’ai compris que la littérature ce n’est pas systématiquement écrire un roman compliqué et long. Il faut trouver la façon de raconter les choses de manière personnelle, sans cliché. Ne pas vouloir imiter à tout prix, même si on peut imiter au début. Il faut chercher et trouver sa propre langue et cela prend du temps.
Je lis plus que j’écris mais l’intensité la plus grande c’est écrire. C’est l’état que je préfère quand j’y arrive. C’est presque de la magie. Vous savez, comme dans Harry Potter lorsqu’il fonce dans le mur pour accéder au train qui mène à Poudlard. C’est parfois possible avec la lecture, mais c’est plus rare. Quand j’écris, je suis à la fois l’auteur et le lecteur. Désormais, je publie en moyenne un livre tous les quatre ans.
Impressions d’élèves
“Quand on a rencontré Valérie Zénatti, elle nous a expliqué que la plupart des personnages du livre étaient réels sauf Eynat. Cela m’a choquée car Eynat joue un très grand rôle dans l’histoire.
Elle nous a aussi dit que lorsqu’elle a écrit la première partie du livre et qu’elle l’a montré à son éditeur, celui-ci lui a dit d’en continuer l’écriture. J’ai retenu aussi que lorsque le livre est sorti elle l’a montré à Gali qui a été troublée d’y voir son nom.”
– Margaux
“Lors de sa conférence, Valérie Zenatti nous a parlé des personnages dans son livre et des relations qu’elle a avec ces personnes aujourd’hui. Elle nous a dit que le personnage de Eynat, l’amie qu’elle a rencontrée à l’armée dans le livre, était un personnage inventé. Cela m’a choquée car Eynat est le personnage dont Valérie est la plus proche dans le livre.
Valérie Zenatti a précisé que la raison pour laquelle elle l’avait inventée est que celle-ci représentait l’amie idéale qu’elle aurait voulu avoir quand elle était à l’armée. J’ai trouvé cela un peu triste. Madame Zenatti a aussi confié qu’elle est toujours en relation avec Jean-David. Cela m’a déçue un peu. En effet, j’aurais voulu que leur histoire se termine car dans le livre il lui brise le cœur. “
– Mary
“J’ai retenu comment Valérie Zénatti se motive pour écrire un livre. Elle écoute de la musique, elle s’inspire d’autres auteurs et elle relit tout ce qu’elle écrit.”
– Nicolas
“La conférence que nous avons eue avec Valérie Zenatti m’a apporté beaucoup de choses. Auteure du livre Quand j’étais soldate, Valérie Zenatti a su répondre à toutes nos questions, qu’elles portent sur des moments de sa vie ou sur ses techniques pour écrire un roman. J’ai beaucoup aimé le fait qu’elle soit ouverte à tout, même au sujet de la guerre israélo-palestinienne.”
– Lucie
“J’ai beaucoup aimé la conférence avec Valérie Zenatti. Je pense que, comme c’est un livre autobiographique, cela a clarifié beaucoup de choses. Ses réponses étaient très intéressantes, en particulier celles sur Quand j’étais soldate, et ses conseils d’écriture. En effet, je voudrais être écrivain un jour.
Elle a signé nos livres, et c’est un moment dont je me rappellerai toujours. “
– Rita
“J’étais étonnée qu’Eynat n’existe pas, ça m’a déçue. J’étais aussi surprise qu’elle ait perdu contact avec ses amis mais qu’elle voit encore Jean-David. “
– Savéria
” J’ai beaucoup aimé quand elle parlait de l’écriture de ses livre, du temps qu’elle mettait et de tout ce qui englobait l’écriture et la lecture.
Elle était très attentive et j’ai eu l’impression qu’elle choisissait avec soin ses mots pour que tout le monde puisse comprendre.
Elle plaçait parfois une petite note d’humour, et j’ai trouvé que même si c’était un peu long elle restait assez « captivante ».
J’ai beaucoup aimé son point de vue et le fait qu’elle soit pacifiste.
J’ai apprécié aussi le fait qu’elle n’impose pas son point de vue et reste assez nuancée dans ses réponses.”
– Margot
About the Author :
Isabelle Milkoff-Radigan holds an agrégation and a Ph.D in French Literature. She has taught both in Paris and nearby cities, at the junior high school, high school and university levels. At the Parisian lycée where Isabelle taught for twelve years, she created and taught theater workshops. She also led theater and literature workshops for the Académie de Paris’ teacher training programs. Isabelle likes her classes to be open to the world and enriched by an active engagement in literature. In September 2010, she joined the Lycée Français de New York as the head of the French and Philosophy Department.