Le bilinguisme : un prisme à multiples facettes

 

Alors que le Lycée Français co-organise une conférence sur le bilinguisme le 3 novembre prochain, l’orthophoniste française Emilie Colas apporte sa contribution au débat sur ce que l’on entend par bilinguisme.

1) Etre bilingue c’est…

a. Maitriser deux langues dont une mieux que l’autre.

b. Le fait de pouvoir s’exprimer et penser sans difficulté dans deux langues à un degré de précision identique.

c. Appartenir à deux communautés et être imprégné des deux cultures.

a. Faux : il existe cependant plusieurs degrés d’expertise. Le « vrai » bilinguisme : le bilingue est capable de parler chaque langue comme un locuteur natif. Dans ce cas on retrouve encore différents degrés de précision (il peut parler comme un natif très instruit ou peu scolarisé). Le semi-linguisme : le bilingue ne parle aucun des deux langues avec la même expertise qu’un locuteur natif. La diglossie : le sujet parle chacune des langues seulement dans un contexte spécifique.

b. Vrai

c. Vrai

2) L’âge d’acquisition des deux langues est un facteur déterminant, c’est pourquoi…

a. Les deux langues doivent obligatoirement être acquises en même temps.

b. L’apprentissage d’une langue seconde après la mise en place de la langue maternelle est possible.

c. Plus la deuxième langue est acquise précocement, plus les performances dans cette langue seront comparables à celles d’un locuteur natif.

a. Faux

b. Vrai

c. Vrai : Ce phénomène s’explique principalement par la diminution de la capacité à différencier les phonèmes avec l’âge. Entre le huitième et le douzième mois, le cerveau du jeune enfant se spécifie et il ne distingue que les phonèmes utiles dans la ou les langues utilisées par son environnement.

3) Il existe plusieurs contextes d’acquisition…

a. Il est nécessaire que chacun des parents ne s’en tienne qu’à une seule langue pour communiquer avec l’enfant.

b. Il n’est pas nécessaire qu’un parent parle toujours la même langue avec l’enfant.

c. Il existe d’autres stratégies pour favoriser le bilinguisme chez un enfant : un endroit, une langue (ex : une langue est parlée à la maison, et l’autre à la crèche ou à l’école) ou une activité, une langue (ex : une langue est parlée à l’heure du bain, une autre pendant le repas).

a. Faux : c’est préférable car c’est une façon simple de s’assurer que l’enfant est exposé suffisamment à chacune de ses langues, de façon à bien les maîtriser.

b. Vrai

c. Vrai

4) Le développement du langage chez un enfant bilingue

a. La recherche a montré que le bilinguisme entraîne des confusions et qu’il a un impact négatif sur le développement du langage.

b. Au cours des premières étapes de l’acquisition d’une langue seconde, les enfants qui entendent deux langues peuvent présenter certains décalages par rapport à ceux qui n’en parlent qu’une. Notamment l’acquisition du vocabulaire accuse parfois un léger retard : l’enfant a souvent moins de vocabulaire dans chacune de ses langues.

c. Les enfants bilingues ne sont pas globalement en retard dans tous les domaines de l’acquisition du langage par rapport aux unilingues. Les retards observés sont généralement faibles et ne durent pas longtemps.

a. Faux

b. Vrai : Cependant le stock de vocabulaire des deux langues est généralement plus étendu que le vocabulaire d’un enfant exposé à une seule langue.

c. Vrai

5) Le bilinguisme a un impact sur le développement de fonctions cognitives

a. Le bilinguisme peut avoir un impact négatif sur le développement intellectuel.

b. Le bilinguisme présente certains avantages dans le traitement des mots, des pensées, des représentations.

c. Les études ont aussi montré que les enfants bilingues obtenaient de moins bons résultats que les unilingues à plusieurs tests d’habileté cognitive, dont la flexibilité mentale.

a. Faux : il est donc préférable de favoriser bilinguisme à l’école que la perte de la langue parlée à la maison. Cela permet aux enfants de garder de solides liens avec leur culture et d’en développer avec la culture dominante.

b. Vrai : leur développement socio-cognitif est meilleur, « surtout pour ce qui est de comprendre les croyances des autres, de choisir les variables importantes pour résoudre un problème, et d’envisager deux interprétations possibles du même stimulus en même temps. »

c. Faux

Article initialement posté sur NewYorkInFrench


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