La classe inversée, une révolution pédagogique

 

La classe inversée, ou flipped classroom, a fait son apparition au LFNY à la rentrée 2013. Initiée par deux professeurs d’histoire-géographie de terminale OIB, la classe inversée renverse le modèle du cours traditionnel. L’élève écoute et étudie le cours chez lui le soir, au moyen de vidéos ou autres supports, tandis qu’en classe, il échange avec le professeur et ses camarades sur la leçon apprise et fait des exercices. Florent Lacroix, professeur d’histoire-géographie, explique.

Les premières expériences de classe inversée ont été conduites par Eric Mazur, professeur de physique à Harvard, dès les années 1990. Traditionnellement, l’enseignement se déroule en deux étapes : il y a tout d’abord le transfert d’informations : les enseignants communiquent le savoir, ensuite, les étudiants assimilent le savoir et doivent être capables de l’utiliser dans les exercices. L’un des problèmes que pose ce modèle traditionnel d’enseignement est qu’il donne le rôle actif à l’enseignant et le rôle passif à l’élève. Plus l’enseignant est actif, moins les élèves se sentent impliqués dans le processus.

Classe plus vivante

Selon ce professeur, les enseignants ne doivent pas mettre leur énergie dans la première étape : les élèves peuvent la franchir par eux-mêmes, l’accès à l’information étant devenu très facile, en particulier grâce à sa disponibilité sur Internet notamment. La méthode de la classe inversée consiste à demander aux étudiants de chercher les informations par eux-mêmes, grâce aux outils électroniques. Puis, en classe, ils travaillent par petits groupes pour résoudre des problèmes. “Rien ne clarifie davantage les idées que le fait d’avoir à les expliquer aux autres“, souligne Eric Mazur* dans Peer Instruction, un ouvrage publié en 1997. Pour Florent Lacroix, les avantages sont nets : “on est dans une classe qui est beaucoup plus vivante.”

Du point de vue du professeur, la période de cours est plus intéressante, souligne Florent Lacroix. Certes, le travail en amont est considérable : il faut planifier son cours, tourner, monter ses vidéos. Mais l’heure en classe est bien moins fatiguante car “les élèves ne sont plus juste à prendre des notes et à me demander de répéter. Là on est vraiment dans l’échange et dans la communication“, indique le professeur d’histoire-géographie. Nul doute que la classe inversée demande une sérieuse remise en question du rôle du professeur. Celui-ci n’est plus “la source de connaissances” mais “un facilitateur, un aggrégateur de connaissances.

Faire partager les connaissances

John Tasevoli est professeur au Lycée et récipiendaire d’une bourse de recherche du LFNY sur le sujet de la classe inversée. Pour lui, la flipped classroom n’est pas juste un outil à la mode, elle représente “l’une sinon la plus grande avancée pédagogique depuis l’instauration de l’école obligatoire”, explique ce professeur d’arts plastiques. “Au fur et à mesure de mes recherches, je me suis rendu compte que l’éducation traditionnelle participe de l’échec scolaire“, poursuit John Tasevoli, selon lequel à l’avenir, nous regarderons ce type d’éducation comme archaïque. Pour lui, la classe où les élèves reçoivent le savoir d’un professeur considéré comme “le sage sur scène” (“the sage on stage”) est la forme d’éducation la plus basique.

“La plus grande avancée pédagogique depuis l’instauration de l’école obligatoire”

Lorsque les élèves peuvent tester leurs connaissances lors de projets, ou en salle de laboratoire, on atteint alors un niveau plus sophistiqué d’apprentissage. Un modèle qui permet aux élèves de progresser à leur rythme, qu’ils soient considérés “bons” ou “mauvais” élèves. C’est pourquoi “faire cours sous forme de vidéos pré-enregistrées permet aux professeurs de réserver les rares heures qu’ils ont avec les élèves à des activités pédagogiques plus sophistiquées“, conclut John Tasevoli. 

Selon les enseignants qui expérimentent avec cette nouvelle méthode d’enseignement, la classe inversée permet de développer de nouvelles compétences chez les élèves, telle que la l’expression orale, la pensée critique, l’autonomie et la collaboration. “Si il y a bien quelque chose qui peut servir à nos élèves ici ce n’est pas tant de savoir exactement la place de la Triade dans la mondialisation que d’être un jeune adulte autonome capable de s’organiser dans son travail et dans sa vie et je pense que la classe inversée permet d’atteindre cet objectif”, explique Florent Lacroix. Les élèves le reconnaissent, la classe inversée demande de la maturité.

La classe inversée profite surtout aux élèves les plus timides et qui sont réticents à participer en classe. La collaboration en petits groupe et le temps de parole plus importants permet à ces élèves de s’exprimer sans avoir l’impression de poser une question qui “fait perdre du temps aux autres”.

Si la classe inversée s’adresse à des élèves qui ont développé une certaine autonomie dans leur travail, elle n’en exclut pas moins les plus petits. Ainsi, le primaire expérimente également avec les nouvelles technologies numériques pour mieux enseigner à leurs élèves. Mylène Ardid, directrice du Cycle 3 au Lycée Français a en effet travaillé avec la classe d’Harold Gretouce, en CM2. “Les enfants devaient regarder un cours sur l’iPad, ils peuvent avancer à leur rythme, arrêter, prendre des notes, retourner en arrière pour revenir sur une information. Chaque vidéo dure un maximum de 5 minutes et finit par un quizz qui permet aux élèves de s’assurer qu’ils ont compris. Ensuite, ils peuvent se lancer dans diverses activités nécessitant de réutiliser les connaissances qu’ils viennent d’apprendre dans des situations complexes, différenciées et motivantes.”

Pour voir un exemple de vidéo inversée créé pour les CM2 sur la francophonie, cliquer ici.

Pour voir un exemple de cours vidéo servant de support pour la classe inversée de l’OIB du LFNY, cliquer ici.

* Source: “La Classe Inversée”: http://fr.wikipedia.org/wiki/Classe_inversée

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