Our Growth Mindset

 

Pardonnez-moi d’avance si vous m’avez déjà entendu évoquer ce concept de «growth mindset», concept que je traduirais en français comme suit: «état d’esprit de développement de soi.» Nous devons cette notion passionnante à la célèbre psychologue Carol Dweck, dont le livre, Changer d’état d’esprit: Une nouvelle psychologie de la réussite, est l’un des textes les plus intéressants sur la psychologie humaine publié depuis longtemps. Pour Dweck, la manière dont les gens abordent les défis auxquels ils doivent faire face dans la vie dépend du regard qu’ils posent sur le monde. NB. Si vous n’avez pas l’occasion de lire son livre en entier, je vous recommande de regarder son entretien sur YouTube (vidéo ci-dessous), ou de lire un article sur le travail de Dweck, publié dans New York Magazine il y a quelques années. Ce texte s’intitule «Comment ne pas parler à nos enfants».

Mindset-the coverSe fondant sur une étude qu’elle a menée avec des élèves de CM2, cette chercheuse de Stanford affirme que l’état d’esprit que les enfants acquièrent à travers leur éducation familiale et scolaire tombe dans deux catégories: un état d’esprit qui est «fixed» ou fixe, et un état d’esprit qui «growth-oriented», c’est-à-dire porté vers le développement de soi. Le premier concept est simple: les gens qui ont un état d’esprit fixe considèrent que les qualités personnelles d’un individu comme le talent musical ou l’intelligence verbale sont des avantages acquis avec lesquels on nait ou ne nait pas. Ceux qui ont un état d’esprit de développement de soi, en revanche, croient que ces qualités individuelles peuvent être acquises par tous à condition de faire l’effort de les cultiver. Et selon qu’un élève développe l’un ou l’autre de ces «mindsets», selon Dweck, il abordera les problèmes et envisagera les opportunités qui se présenteront à lui, de façon très différente.

Mettre l’accent sur l’effort plutôt que l’intelligence permet aux élèves de prendre des risques et de progresser

La recherche du professeur Dweck s’est déroulée de la manière suivante. Ses assistants ont sorti un certain nombre d’élèves de CM2 de leurs classes, les uns après les autres, afin de proposer à chacun d’entre eux de passer un test de quotient intellectuel non-verbal conçu pour permettre à tous de réussir. Puis l’équipe de la psychologue a calculé le score de chaque élève et lui a annoncé individuellement ce résultat, en faisant un seul compliment. A certains d’entre eux, sélectionnés au hasard, ces chercheurs ont dit «c’est bien, vous devez être intelligent», alors qu’à d’autres élèves ils ont préféré dire «bravo, de toute évidence vous avez bien travaillé»! Ensuite l’équipe de recherche a demandé à l’ensemble de ces élèves de bien vouloir passer un deuxième examen, leur laissant le choix entre deux tests possibles, décrivant le premier comme étant du même niveau de difficulté que l’examen initial et le second comme étant plus difficile que le test originel. Les chercheurs se sont empressés de rajouter aussi: «vous avez beaucoup appris en passant le premier examen et par conséquent vous êtes tout à fait capable de réussir le test plus exigeant.» L’objectif de l’étude? Evaluer le lien entre le type de compliment accordé aux élèves après l’examen initial et leur volonté d’aborder le test plus difficile dans un deuxième temps.

Growth vs. Fixed mindset Chart (credit: Nigel Holmes)
Growth vs. Fixed mindset Chart (credit: Nigel Holmes)

Ce que l’équipe de Dweck a découvert est extrêmement important. Dans le cadre de son étude, la majorité des élèves qui ont été félicités pour leur intelligence ont choisi de faire le devoir le plus facile. Par contre, 90% des élèves qui ont été complimentés pour leurs efforts ont choisi de s’attaquer au test le plus difficile. Pour les premiers, c’était comme si l’étiquette de l’intelligence avait entravé leur volonté de risquer de la perdre, si jamais ils ne parvenaient pas à valider cette étiquette dans l’avenir, comme si suggérer que leur intelligence est innée avait placé un périmètre autour de leur capacité d’apprentissage. Pour le second groupe, l’accent mis sur l’effort a été la clé de leur succès, les libérant pour affronter l’inconnu, pour exploiter leur potentiel au maximum. Un «fixed mindset» semble impliquer et enclencher une contrainte, tandis qu’un «growth mindset» semble montrer et encourager le développement de soi. Cher lecteur, si vous vous demandez où je veux en venir en partageant ces réflexions sur la recherche de Dweck, sachez que c’est notre communauté qui m’a inspiré pour le faire. Elèves, professeurs, personnel administratif, parents: nous avons tous en commun ce «growth mindset», n’est-ce pas?


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