Développer l’empathie chez les élèves

 

L’une des missions du Lycée Français de New York est de préparer ses élèves à être les citoyens responsables de demain. Pour l’établissement, cet apprentissage passe, depuis maintenant plus de 13 ans, par les activités de service communautaire (Community Service), et depuis 4 ans pour l’apprentissage par le service (Service Learning). Il s’agit, pour les élèves, de faire du bénévolat au sein d’organisations, en donnant leur temps pour une cause qui leur tient à cœur. « Le service communautaire développe l’empathie et la compassion de nos élèves », souligne Vivianne Kurzweil, en charge de ces programmes, « cela leur fait découvrir et apprécier le monde au-delà du Lycée et de leur environnement immédiat ».

Church of the Epiphany-5

“On a l’impression d’être vraiment utiles”, expliquent deux élèves de 5ème lorsqu’elles font du bénévolat à l’église Church of the Epiphany.

Ce fut l’expérience d’Inès et d’Alexine, deux élèves de 5ème qui ont, pour la première fois, fait du bénévolat au sein d’une soupe populaire le 18 novembre dernier.

Tous les mercredis soirs, the Church of the Epiphany, une église située à proximité du Lycée, sert un repas chaud à plus d’une centaine de personnes dans le besoin. Les deux élèves ont participé à la préparation des repas, ouvrant les conserves pour la salade, ou mettant les assiettes sur les plateaux pour faciliter le service. « On a l’impression d’être vraiment utiles », indiquent-elles, alors qu’elles alignent des gâteaux sur des plats, pour le dessert. Nouvelles cette année, les deux élèves soulignent que ce système de service communautaire n’existe pas dans les établissements français dans lesquels elles étaient inscrites avant.

Ci-dessus, des élèves de 5ème en groupe d’advisory écoutent les explications d’une bénévole de la New York Common Pantry, qui offre des plats chauds aux populations défavorisées à Harlem. (crédit : A. Licari)

Activité hybride

« Le service communautaire est une activité un peu hybride, ce n’est pas une matière que l’on peut noter », sourit Mme Kurzweil, qui se souvient du scepticisme de certains quand le programme a débuté officiellement au LFNY en 2003. Mais cela fait partie intégrante de l’enseignement dans les écoles américaines depuis des décennies : « Notre voeu est que les élèves choisissent une cause qui leur tient à cœur, que ce soit apporter leur aide aux personnes âgées, handicapées, dans le besoin,  aux enfants défavorisés, à l’environnement, aux animaux ici ou ailleurs dans le monde », explique cette ancienne professeure de mathématiques passionnée par le sujet.

Vkurzwel

Le service communautaire permet aussi à l’école d’être une institution reconnue et utile dans le quartier, et de garder de bonnes relations de voisinage. C’est par exemple le cas lorsque les élèves vont, par groupe d’advisory, nettoyer ou planter des fleurs dans le parc John Jay Park, à proximité de l’établissement.

“Le service communautaire développe l’empathie et la compassion de nos élèves”, souligne Vivianne Kurzweil.

Si les élèves peuvent effectuer toutes leurs heures de service communautaire à l’extérieur de l’école, le service au sein du Lycée Français est aussi encouragé. Les opportunités au sein de l’école incluent l’aide dans les bibliothèques, les classes de primaire, lors des différents festivals, au centre culturel ou encore dans l’administration.

Apprendre par le service

Mais le service communautaire prend tout son sens quand les activités de bénévolat permettent aux élèves d’apprendre des compétences du programme scolaire. C’est l’objectif de l’apprentissage par le service (service learning), qui existe non seulement dans l’école secondaire, mais aussi dans l’école primaire.

« Un projet d’apprentissage par le service commence par un besoin identifié dans la communauté, et auquel les élèves vont répondre grâce à des compétences apprises en classe », explique Florence Germain, la responsable du cycle 1 en primaire et Service Learning Integrator.

Des élèves nettoient un parc public dans le cadre du service communautaire.

Ainsi, les élèves de grande section de maternelle souhaitaient pouvoir écouter des livres en langue française à l’oral, des « oralbums », et pouvoir aussi les écouter traduits en anglais. Une classe de CM1 a répondu au besoin et ont travaillé des compétences de rédaction, de traduction et d’oralisation qui font partie de leur programme scolaire. Au final, ce sont les élèves de maternelles qui valident le travail des CM1 « c’est extrêmement valorisant pour eux de voir que leurs efforts ont un impact pratique et réel », souligne Florence Germain.

Grande pauvreté

Dans le cadre de son partenariat avec un établissement en Haïti, le Lycée a noué de nombreux projets d’apprentissage par le service, et en particulier avec l’école Etzer Vilaire de Pont Léocan. Revenu d’un voyage d’échange dans ce pays, le professeur de CM1 Antoine Thiboult a décidé de récolter des fournitures scolaires pour cette école, en impliquant ses élèves. Les photos montrant la grande pauvreté des écoliers ont inspiré les élèves de cette classe de CM1, qui vont créer des affiches de sensibilisation, envoyer des emails et faire des présentations dans les classes. Ces initiatives s’appuient sur de nombreuses compétences qui sont justement au programme cette année telles que la production d’écrit, la prise de parole en public ou encore l’organisation d’un projet.

Des élèves de seconde font du bénévolat auprès des enfants handicapés par le biais de l’organisation Project Happy.

« La mise en place d’activités d’apprentissage par le service amène à repenser la façon de faire cours », remarque Florence Germain, « les élèves ont plus de marge de manœuvre et la prise d’initiative est encouragée, cela change la dynamique de la classe. »  Mais le jeu en vaut la chandelle, selon la responsable du cycle 1 : « les enfants sont heureux et motivés par leurs apprentissages, car ils y trouvent un sens nouveau. »


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