Les 4èmes dansent sur Brassens, Piaf, Aznavour

 

Aurélien Kairo et Karla Pollux, deux danseurs de hip-hop qui tournent en ce moment dans toute la France avec la compagnie De Fakto, mais aussi occasionnellement à l’étranger, sont venus au Lycée Français du 26 au 30 octobre 2015 dans le cadre du programme “artiste-en-résidence”. Ils ont travaillé pendant une semaine avec les quatrièmes, à raison de trois heures par classe, sur un projet final présenté en fin de résidence à la communauté du Lycée. Ils ont choisi de monter quatre chorégraphies. Le défi est compliqué, les horaires étant limités par les contraintes académiques, mais les deux artistes sont confiants.

Aurélien Kairo observe une répétition avec sa collègue, Karla Pollux. 

Avant le début de la résidence, un travail préparatoire a été effectué avec les professeurs.  Chaque classe avait le choix entre quatre chansons françaises, Brassens et ses “Bancs publics”, Edith Piaf, “Mon manège à moi”, Ben L’oncle Soul et sa reprise d’ “Un homme comme vous” du Livre de la jungle et enfin le grand classique d’Aznavour, “Je m’voyais deja”. Les élèves ont travaillé pendant leur cours de français sur le texte de la chanson qu’ils avaient choisie. De plus, Aurélien leur avait envoyé une petite vidéo pour présenter son travail.

Aurélien Kairo et Karla Pollux

Aurélien Kairo et Karla Pollux, en couple dans la vie et en duo sur scène, dégagent des énergies très différentes. Durant la résidence, alors que Karla fait la discipline et organise des jeux pour aider les élèves à se concentrer, Aurélien explique les mouvements et leur lien avec le texte des chansons. L’une est plus pratique, l’autre plus rêveur. Ils ont ainsi pu atteindre différemment les élèves et leur faire comprendre tous les aspects de l’exercice. Ce contraste se retrouve sur scène : lorsque ils dansent ensemble, leur style est très différent, et pourtant leurs mouvements les réunissent harmonieusement.

“Le hip-hop, explique Aurélien, évolue aussi bien du côté underground que du côté artistique. Il transporte des valeurs et des messages qui sont souvent oubliés”. La résidence a permis selon lui de rappeler aux enfants les fondamentaux de la danse : “La danse, c’est un partage et on essaye au maximum de travailler dans ce sens-là avec eux. La danse ce n’est pas seulement pour impressionner, pour faire son malin, c’est pour relier.” Karla ajoute : “On est très heureux de pouvoir ouvrir les élèves à notre monde”.

Une semaine chargée

Pendant une semaine, les groupes se sont succédés dans l’auditorium avec une énergie remarquable. Les chorégraphies mises en place par les deux danseurs mélangent mouvements de hip-hop et gestes mîmés, entre danse et théatre. La chanson française permet aux artistes d’utiliser les paroles – en plus du rythme – comme base de création. Les élèves peuvent s’aider des mots pour retenir les gestes.

Les élèves de 4ème dansent sur la chanson de Georges Brassens “Bancs publics” lors de leur spectacle final, dans l’auditorium.

Alors que les débuts sont un peu hésitants, les élèves se détendent très rapidement. Comme l’explique Karla à juste titre, ils dégagent alors tant de tendresse et de poésie qu’on en oublie les premières difficultés. Les artistes ont trouvé le parfait équilibre entre éléments chorégraphiés et espaces d’improvisation. Karla explique que le plus important, c’est que les élèves s’approprient l’exercice : “On leur a apporté une matière mais on leur a laissé aussi la possibilité de travailler en atelier.” Ils apprennent ainsi à créer en groupe, en prenant compte des forces et des faiblesses de chacun. “La devise du hip-hop, c’est Peace, Unity and Having fun”, ajoute Karla. La promesse est respectée.

Une belle surprise

A la fin des répétitions, Aurélien rassemble les enfants sur la première rangée de sièges de l’auditorium. Ils sont silencieux et concentrés. Il leur annonce : “à la fin du spectacle, nous danserons pour vous, puisque vous avez accepté de danser pour nous”. Ils ont attendu la dernière minute pour partager la nouvelle. Les enfants sont très entousiasmés par la proposition. Un élève se risque même à demander si Aurélien et Karla peuvent danser tout de suite, rien que pour eux. Il faudra patienter.

Arrive enfin le spectacle final, pour lequel beaucoup de personnes se sont déplacées : des élèves venus encourager leurs camarades, des parents, des professeurs et le personnel du Lycée. Les élèves suivent les pas et ne font pas d’erreur. Pour couronner l’événement, Aurélien et Karla proposent un extrait de leur spectacle, Un petit pas de deux sur ses pas, qui tourne actuellement partout en France, notamment à la Philharmonie de Paris. Le défi est relevé avec brio et c’est la standing ovation dans la salle.

Des retours très positifs

Laure Abihssira, professeur de français au Lycée, parle d’“Une merveilleuse expérience avec des artistes formidables qui ont su partager leur amour de la danse avec gentillesse et pédagogie.” Elle ajoute que “les élèves étaient pleinement investis dans le projet qu’ils ont adoré”. Pour Laure Warrot, professeur de français au Lycée, l’exercice a permis aux élèves de découvir ce qu’était réellement le travail d’artiste. Du côté des quatrièmes, l’enthousiasme est partagé. Une des élèves nous confie qu’elle s’est beaucoup amusée.

Une fois l’auditorium vidé de son public, Karla confie qu’elle est triste de partir si vite. Elle et Aurélien espèrent avoir transmis aux élèves, public de demain, la passion de la danse. Ils ont, c’est certain, appris aux élèves que derrière toute prestation artistique, il y a un vrai travail de concentration et d’engagement. Il est à parier que les artistes comme les élèves se souviendront longtemps de cette fabuleuse rencontre.

Nous remercions encore Aurélien et Karla pour leur générosité et leur disponibilité!


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