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Transmettre le feu sacré

 

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Le défi était double. Il y avait d’abord  la danse. Comment convaincre des filles et des garçons des classes de troisième de se mouvoir sans inhibition en duo sur la scène de l’auditorium ? Et puis les sentiments… Comment amener ces adolescents à chercher en eux les ressources pour exprimer avec franchise leurs humeurs dans le mouvement. Ce n’était pas gagné! Et pourtant la deuxième artiste en résidence de l’année au LFNY, la danseuse contemporaine Pauline Legras, a relevé ce double défi avec brio.

Suivant une organisation qui devient presque une routine, l’artiste s’est présentée à tous les élèves du niveau le lundi matin à la première heure dans l’auditorium. Déjà la jolie vidéo que Pauline a présentée sur un ballet de sa compagnie de danse Caliince Dance les a fait écarquiller les yeux. C’est nous demain? Que nenni. Puis Pauline a été rejointe sur scène par ses acolytes Amélie Bénard, danseuse, et Owen Weaver, pianiste, qui tout au long de la semaine allaient accompagner les élèves.

Puis se fut au tour de la première classe d’essuyer les plâtres. Revêtant leurs affaires de sport à contre cœur, trainant un peu des  pieds, légèrement gauches et ricanant, voilà nos ados sous les spotlights!

Pauline n’a pas attendu une minute pour les plonger dans le bain de sa passion, la danse, les contraignant gentiment à un léger entrainement. Car oui, le métier de danseuse même sans les pointes c’est des étirements, des échauffements, du travail, encore du travail. Très vite, Pauline les a conduit au cœur du sujet, la forme qui explique le fond, le geste qui dit la colère, la joie, la tristesse, leur indiquant quelques chorégraphies qu’elle a elle-même dessinées pour exprimer ce ressenti.

Par pair, les élèves ont reproduit les enchainements. Pauline leur a ensuite laissé la bribe sur le coup. A vous de créer! D’imaginer vos gestes pour dire au public votre abandon, votre enthousiasme ou votre indifférence. Comme dans toutes les résidences, jusqu’à ce jour, c’est là que le miracle se produit.

Exprimer son désespoir sur scène.

Les élèves parlent (trop), font semblant de ne pas y croire et pourtant… C’est l’artiste et lui seul qui arrive à communiquer son art, ce feu sacré qui donne un sens à sa vie, qui anime son être. Voilà les élèves de troisième, classe après classe ont été touchés par la grâce.

Pour le spectacle final, devant leurs parents, leurs amis, leurs profs, ils ont chacun interprété parfaitement leur partition accompagnés par les musiques poétiquement répétitives d’Owen. Ils nous ont dit leur joie avec leurs bras en V, leur tristesse avec leurs épaules tombantes, leur colère en basculant l’un contre l’autre, leur jalousie en se tournant le dos. Ils ont, eux, les élèves de Troisième, relevé le double défi du mouvement et des sentiments.


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